Madeleine Bernard fait la connaissance de Paul Gauguin lors d'un séjour à Pont-Aven en août 1888.
Elle ne figure pas comme personnage dans notre récit "Disparitions dans l'atelier de Gauguin", car au moment où celui-ci commence, en mai 1894, la jeune femme est malade de la tuberculose. Elle n'aura que 24 ans quand elle en mourra un an plus tard, au Caire.
Son frère, Emile Bernard, est alors brouillé depuis 1891 avec Paul Gauguin.
Il ne comprend pas pourquoi Gauguin s'attribue tout le mérite de la découverte du cloisonnisme et du synthétisme.
Pendant qu' Emile peignait Madeleine
allongée dans le Bois d'Amour,
Gauguin faisait le portrait de la jeune fille.
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Paul Gauguin : Portrait de Madeleine Bernard 1888 Huile sur toile
72 x 58 cm
Musée de Grenoble
Photographie : © Musée de Grenoble |
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Paul Gauguin a représenté la jeune Madeleine en buste.
La pièce dans laquelle elle est assise est décorée par deux images.
Est-ce que l’une des images ne serait pas une gravure de Jean-Louis Forain (1852-1931) ?
Q4 Oui, mais laquelle ?
Gauguin entoure les formes d’une ligne, on dit qu’il cerne les formes.
Il simplifie les plans : la profondeur est suggérée seulement par quelques lattes de plancher
et la position des chaussures d’intérieur dans le coin inférieur droit.
Gauguin procède par grands aplats de couleurs.
On voit peu d’ombres et d’effets de relief (le modelé).
C’est le visage de Madeleine qui est la partie du tableau la plus travaillée.
Regardez l’arabesque qui limite le front et la chevelure.
Observez l’œil droit, construit avec des minuscules taches de couleurs vives.
Et voici les paroles d'une chanson de Tri Yann, "Madeleine Bernard"
dans l'album "Portraits" (1998) :
Belle Madeleine, robe de satin ébène,
Belle, cheveux mandarines,
Fragile opaline de 17 ans,
Parmi les neiges coiffes de dentelle
Et chapeaux paille des marchands.
Carmines balles de laine
Au marché de Pont-Aven
Et sous pluie de rubans ;
Gauguin est là qui dit que d'amour t'aime
Mais toi belle le vas fuyant.
Belle Madeleine, courre à courre vers l'Aven,
Ondoyante colubrine,
Entre les rochers jaune-safran,
Gauguin t'y presse et lors en sardinelle,
Madeleine, t'y vas changeant.
Tes longs cheveux mandarines
Sur tes écailles ivoirines
Font pluie de rubans,
Dans les blés rouge-feu cerclés d'ébène
Et l'ombre verte du torrent.
Belle sardinelle, nage nage à perdre haleine,
Sur ta peau brigandine
Les doigts de Gauguin glissent en vain ;
Tes longs cheveux mandarines
Sur tes écailles ivoirines,
Buisson d'algues sang.
Belle sardinelle, blanche l'écume t'entraîne,
Vers l'onde outre marine,
Les jaunes collines de l'orient ;
Là, de mourir ton amour et de peine
Tu t'endormiras cent ans.
En barque de porcelaine
T'en reviendras, Madeleine,
Portée par le vent,
Jusqu'à la route bleue cerclée d'ébène
Qui mène Brest à l'océan.
Merveille : chêne rouge cerclé d'ébène
Et pommier bleu au jour levant.